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1587... La bataille de Jarrie
La FRANCE, sous le régime d'HENRI III, était divisée en deux camps : catholiques et protestants. Chaque camp levait ses armées, faisait appel à l'étranger pour la lutte fratricide qu'est la guerre de religion et qui déferlait sur notre pays... Le roi HENRI, sans force de caractère et plus enclin au plaisir qu'habile aux affaires de l'Etat, assistait à la lutte meurtrière de ces factions sans faire preuve d'autorité.

En DAUPHINE, Bernard NOGARET DE LA VALETTE était opposé à LESDIGUIERES, chef reconnu des réformés, qui avait renforcé son armée d'un contingent suisse d'environ cinq mille hommes. C'est à JARRIE que ces deux adversaires vont s'affronter.
Le début de l'année 1587 a été employé à la préparation de leurs troupes respectives. LESDIGUIERES s'empare du château de CHAMP en pétardant la tour. Le Parlement de GRENOBLE s'inquiète : la guerre est à sa porte. Il délègue Pierre DE CHAPONAY, Seigneur d'EYBENS et Louis ARMUET Seigneur de BON REPOS pour essayer de conclure une trêve.

« Ce serait bien le plus grand deservice qui me pourroit fere mes subjects de Dauphiné que d'accorder mainctenant une triesve avec les huguenots, voiant qu'ils sont apprès a fere entrer en mon royaulme ung très grand nombre d'estrangiers... » écrit notre roi HENRI.

Les deux parlementaires, pour donner satisfaction au Parlement en éloignant les opérations militaires, convinrent que les châteaux de CHAMP et de LA MURE seraient démantelés, en échange de six mille écus d'or, a titre d'indemnité... Mais LESDIGUIERES campait sur le bord du RHONE, aussi LA VALETTE augmenta son armée et rassembla à ROMANS : 2 500 fantassins, quelques cornettes de cavalerie, 150 cavaliers...
Le but des protestants était de rejoindre leurs secours suisses. Ils remontèrent l'ISERE par la rive gauche, LA VALETTE sur la rive droite les suivit. Les deux armées se trouvèrent face à face, échangeant quelques mousquetades, passant par VEUREY, SASSENAGE puis sur la rive gauche du DRAC.

Le 18 août, les réformés étaient dans la plaine de CHAMP tandis que LA VALETTE était à JARRIE, ses avant-postes dans les îles formées par la ROMANCHE et le gros de ses troupes sur les coteaux de JARRIE.
Passer à gué la ROMANCHE était impossible, la rivière étant trop grosse à la fonte des neiges. Rétablir le pont était difficile. Le beau-frère de LESDIGUIERES, MORGES y perdit la vie. Mais il fallait à tout prix joindre le renfort suisse, arrivant par GONCELIN puis la vallée d'URIAGE. De cette vallée, il gravit ensuite le coteau de BRIÉ.

Le 19 août 1587, ils partirent à l'aube, s'attendant à rencontrer les catholiques avant la grosse chaleur. Ils marchaient par huit hommes de front en rangs serrés, hérissés de longues piques. Sur le plateau, Alphonse D'ORNANO, avec un détachement de CORSES, Commandant en chef de ce corps, les attendait dans un bois avec 600 ou 700 hommes sous ses ordres. LA VALETTE était resté sur les rives de la ROMANCHE.
Il est dix heures du matin lorsque les troupes s'affrontent. Les décharges de mousqueterie déciment sans les arrêter les piquiers suisses, leurs arquebusiers ne pouvant atteindre les ennemis cachés dans la futaie. Les capitaines DES CROTTES et SAINT VINCENT lancent leurs chevaux légers sur les SUISSES inébranlables.
Le combat dure jusqu'à six heures. Rang après rang, les SUISSES "renforcés de courage" soutiennent furieusement le combat. Puis... "deffaicts et vaincus", ils se relâchent de "leur ordre et rigueur".
Mille deux cents morts au même endroit, cinq cents un peu plus loin ; les hommes survivants sont faits prisonniers. Ces mercenaires, munis d'armes trop primitives, à peine exercés, conduits par des capitaines ayant peu d'expérience de la guerre, n'avaient pu résister aux troupes aguerries, disciplinées, commandées par D'ORNANO.
Les cadavres furent enterrés sur place... beaucoup d'habitants de JARRIE peuvent en témoigner. Les prisonniers furent conduits à VALENCE, pour peu de temps car la ville de BERNE intercéda pour eux et facilita leur rançon. Une centaine de fuyards remonta la vallée de la ROMANCHE et se réfugia dans l'OISANS.

Pour les catholiques, peu de perte. Leur chef n'avoua que cent blessés et cinquante morts. LA VALETTE fit parvenir au roi un succinct récit du combat qui se terminait ainsi :
« Ne tairay l'honneur de cest exploict appartenir audit Seigneur Alfonce qui a esté dignement assisté desdicts Sieurs d'Esgaravaques, Des Crottes et Sainct Vincent, ausquels je le supplye de vouloir faire congnoistre le bon gré qu'elle leur scayt de s'i estre prestés si généreusement car il se peult dire ceste exécution avoir esté faicte avec quatre vingtz chevaulx et quatre à cinq cens harquebuziers dont ils sont d'aultant plus à louer, ainsy qu'il plaira a Vostre Majesté leur témoigner. »


En récompense de sa brillante carrière, HENRI III nomma l'heureux messager, le capitaine DES CROTTES, Chevalier de l'0rdre Militaire de Saint Michel et Gouverneur de DIGNE. Les enseignes qu'il avait apportées furent remises à l'archevêque de PARIS, on les vit longtemps flotter dans la nef de Notre-Dame.
Ne pouvant traverser la ROMANCHE, les deux chefs huguenots avaient assisté à la bataille, impuissants. Ils avaient entendu les cris de victoire des catholiques et avaient souffert avec désespoir la mort de ces braves qui s'étaient fait tuer pour une cause qui n'était pas la leur. Ils partirent de CHAMP, remontèrent la vallée de l'OISANS jusqu’au BRIANÇONNAIS.

La bataille de JARRIE avait été décisive, les SUISSES étaient éliminés. En 1588, D'ORNANO fut nommé Lieutenant Général en DAUPHINE et il devint plus tard Maréchal de FRANCE.
 
Quatre siècles plus tard, il ne nous est pas possible de situer la haute futaie d'où les catholiques décimèrent les courageux SUISSES : autour des SIMIANES ? Près de BON REPOS ? Quoiqu'il en soit, nous savons qu’en ces temps difficiles des guerres de religion, le site de JARRIE joua un grand rôle.